En une du New York Times, ce dimanche 25 janvier 2015, un économiste, enseignant à la Georges Mason University, Tyler Cowen, attire l’attention sur les travaux de deux chercheurs suédois, Niclas Berggren – du Research Institute of Industrial Economics –, et Therese Nilsson – de l’université de Lund –, sur les corrélations entre les libertés économiques, et la prospérité qui en découle, avec les phénomènes d’intolérance raciale ou sexuelle.

Ces études établissent que, si on a pu constater une grande évolution de la tolérance vis-à-vis de l’homosexualité – dont les succès de la revendication du mariage gay semblent attester –, il n’en va pas du tout de même quant aux intolérances raciales qui, au contraire, dans le même temps, sont manifestement croissantes.

La conclusion ne pourra pas nous étonner, en France, après la désastreuse aventure du sarkozysme, lorsque notre économiste souligne le fait que la qualité morale de la gouvernance semble un facteur bien plus décisif dont les effets se constatent directement à la base des sociétés ainsi mal conduites.

Au terme de cette exploration – fondée sur l’analyse de nombreuses données recueillies à travers le monde –, on en revient à circonscrire la responsabilité directe de l’Etat dans la construction du racisme.

On a ainsi pu voir ici – pour en revenir à la déplorable expérience du sarkozysme, malheureusement prolongée par ceux qui ont pris sa suite –, comment il a suffi d’un discours de Grenoble pour que la « question rom » finisse par se poser dans des termes très semblables à ce que pouvait être la « question juive » sous d’autres cieux en d’autres temps. La plongée brutale au fond de la nuit, où la police peut organiser ouvertement la chasse sans fin de ce peuple éternellement ostracisé, restera comme une des plus laides flétrissures de la tradition des Lumières. La honte de notre temps.

Ce sentiment qui se verra ainsi relayé par la population jusqu’au ras du sol, aura été sponsorisé à la tête de l’Etat, le Président mobilisant l’ensemble de ses super-préfets à l’été 2010, parvenant à faire de la France un des pires pays du monde à cet égard. La persécution des sans-papiers, revendiquée également avec hauteur au moins depuis l’élection de Sarkozy en 2007, aura de même sponsorisé la xénophobie dans notre pays à des niveaux jamais atteints depuis longtemps.

On peut ainsi confirmer le diagnostic proposé par le New York Times : la qualité morale du gouvernement est probablement un facteur décisif pour déterminer la qualité des relations entre les populations administrées par celui-ci.

Cette leçon mériterait d’être méditée tant la politique entreprise par l’Etat s’avère chaque jour plus dangereuse.

Il est grand d’en changer.