Depuis les attaques terroristes contre la rédaction du journal satirique Charie-Hebdo, d’une épicerie juive et de policiers, plus de quatre millions de personnes ont défilé pour plusieurs motifs. On aura recensé deux mots d’ordre principaux : l’opposition au terrorisme et l’attachement à la liberté d’expression.
L’événement aurait pu rassembler bien plus de monde si le Président de la République n’avait pas convié un maximum chefs d’État peu respectueux de la liberté d’expression !


Pendant cette marche, on a pu entendre la foule applaudir les policiers, aborder des drapeaux tricolores et entonner naïvement les couplets « Aux armes citoyens » et « quel sang impur… » pacifiquement et sans remise en question !

Depuis ces attentats odieux, les actes islamophobes et antisémites ont augmenté, mais le premier ministre a « oublié » de demander à ses forces de protéger les mosquées ! De quoi jeter de l’huile sur le feu et alimenter les conflits inter-communautaires, une politique d’État bien rodée pour – entre autres – éviter de parler d’économie…

En parallèle, les gardes à vue pour « apologie du terrorisme » se sont multipliées, un principe qui préoccupe Amnesty International (voir tout en bas, en anglais). Dans la loi française, la notion de « terrorisme » nécessiterait urgemment d’être plus précisément explicitée. Sa définition vague pouvant être régulièrement détournée ce qui permet de museler des protestataires lucides et, à l’opposé, d’offrir une tribune médiatique aux opportunistes nauséabonds qui capitalisent ainsi sur leur victimisation.
D’autres, prônant la haine raciale sont régulièrement invités sur les plateaux de télévision sans être inquiétés.

Mais voilà, hasard du calendrier, alors que l’évènement est encore chaud dans les esprits, un procès a lieu ce mardi : celui du chanteur Saïdou du groupe Z.E.P. (Zone d’expression populaire, ancien du groupe M.A.P.) et du sociologue Saïd Bouamama qui se voient mis en examen pour « injure publique »et « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence », pour la chanson et le livre « Nique la France ». On leur reproche d’avoir mentionné le « passé » colonialiste de la France !
Pire, la plainte a été déposée par une association située à la droite du Front National : l’A.G.R.I.F. (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne), qui s’intéresse surtout au « racisme anti-blanc ». Cette association, elle, n’est pas inquiétée.
Cette affaire nous rappellera les heures sombres du ministère de l’Identité Nationale et du renforcement de la série de délits d’outrage aux symboles nationaux, toujours en vigueur. Loin de remettre en cause ce concept, François Hollande s’est permis de mettre en garde les manifestants en France et ailleurs qui oseraient brûler le drapeau tricolore, symbole selon lui… de la liberté d’expression !

Doit-on rappeler que la liberté d’expression en France est strictement encadrée et que la presse indépendante a été soigneusement étouffée par des moyens discrets mais efficaces. Il suffit de chercher dans les kiosques le nombre de journaux alternatifs. Le gouvernement a dû débloquer en urgence des subventions pour Charlie-Hebdo, se rendant compte – sur le coup de l’émotion – que la presse satirique n’était pas aidée.

Le procès des deux Saïd se tient au Tribunal de Grande Instance de Paris à partir de 13h30 ce mardi 20 janvier 2015. Espérons qu’il permette aux millions de personnes qui ont montré leur attachement pour la liberté d’expression d’en faire quelque chose.

En conclusion, on reproduira plus bas les paroles de la chanson incriminée et aussi la dernière phrase d’une représentante de la gente féminine (un autre oubli de la « glorieuse histoire » de notre pays), Madame Roland : « Liberté, que de crimes on commet en ton nom ».